Les modèles de propulsion
Différents facteurs vont conditionner l'efficience des trajets moteurs. Nous pouvons en hiérarchiser 4 essentiels par ordre préférentiel d'apprentissage:
- On valorisera tout d'abord l'amplitude en fixant la position initiale et finale du trajet moteur.
- Une fois ces positions identifiées et reconnues, nous nous attacherons à obtenir un coude fléchi pour permettre une orientation vers l'arrière des surfaces motrices.
- Lorsque le trajet spatial du trajet moteur sera repéré et construit, nous pourrons greffer l'accélération du trajet moteur.
- Enfin, en multipliant les éducatifs d'amélioration d'appuis, le nageur utilisera davantage des appuis godillés. Les principes précédents seront toujours présents mais l'appui ne sera plus orienté exclusivement vers l'arrière.
La natation est un sport d'auto-projection: il s'agit de trouver un appui lors de l'entrée de la main dans l'eau et de propulser son corps le plus loin devant. C'est comme si le nageur rentrait la main dans un sac le plus loin devant lui et qu'il ait à travailler sur cette masse d'eau pour projeter son corps.
Un bon indicateur est de comparer les lieux de l'entrée et de sortie de la main de l'eau par rapport aux bouchons de lignes d'eau. La main recule chez le débutant qui présente des appuis fuyants alors qu'elle avance chez des nageurs ayant des appuis très solides.
Le modèle de l'aviron
Les bras sont utilisés comme des avirons. Les bras sont tendus, le mouvement est circulaire et peu profond. On repère souvent ce modèle chez le débutant en dos et en brasse. En dos, cela créé des lacets . Ce mouvement n'est pas à rechercher car il ne permet ni d'avoir des appuis profonds, ni de bien orienter les surfaces motrices.
Il peut-être utilisé dans la phase préparatoire à l'acquisition technique des nages lorsque nous voulons affiner le schéma corporel du débutant dans un nouvel espace à construire.
Le modèle de la roue à aube
Ce modèle est proche du précédent mais il présente l'avantage d'un appui plus profond. Le principal atout de ce modèle est qu'il ne demande pas un gros effort de coordination intra-segmentaire. L'objectif est, à ce stade, de reconnaître les positions d'entrée et sortie de la main de l'eau pour favoriser la plus grande amplitude. Les consignes porteront exclusivement sur des repères kinesthésiques tels, loin devant / bras tendu devant / bras contre oreilles,et, loin derrière / pouce contre bas de la cuisse.
Ces 2 positions deviennent des références à la fois du point de vue de la structuration de l'amplitude mais également du point de vue de la coordination inter bras. Cette coordination en opposition permet alors de pousser loin derrière pour se grandir et aller chercher loin devant. On respecte bien le sens premier du crawl qui veut dire ramper en anglais. C'est grâce à l'appui de derrière que je peux aller chercher loin devant. Ce stade de l'apprentissage met en valeur cette position de référence: horizontale, tête rentrée, bras étirés et en opposition.
Lors des démonstrations au bord du bassin, on attirera l'attention des nageurs uniquement sur ces 2 positions favorisant l'amplitude mais on évitera de montrer un bras tendu lors du trajet moteur. Il faudra veiller à toujours démontrer une gestuelle juste. Inconsciemment, le nageur se construit une image motrice globale de la gestuelle à acquérir. Ce modèle de la roue à aube n'est pas à rechercher en demandant à "faire le moulin" mais est juste une réponse simple et spontanée du débutant lorsqu’il se concentre sur la réalisation des consignes d'amplitude.
Le modèle de la pagaie
Une fois repérées les positions initiale et finale du trajet moteur, nous pouvons attirer l'attention du nageur sur ce qu'il doit faire entre ces 2 positions.
Nous nous centrerons à ce stade sur l'aspect spatial du trajet moteur dans un premier temps puis sur l'aspect du rythme.
- Le coude fléchi pendant le trajet moteur est la première consigne à intégrer lors de cette étape. Ce coude fléchi permet alors d'éviter les tangages et pilonnement en orientant la main et l'avant-bras vers l'arrière durant la traction et la poussée. L'orientation des surfaces motrices vers l'arrière permet d'obtenir, grâce au principe d'action/réaction, une efficience du trajet moteur.
- Puis, viendra l'accélération du trajet moteur. Pour avoir un appui plus solide la main du nageur doit aller plus vite que la masse d'eau qu'il a mis en mouvement vers l'arrière.
Le modèle de l'hélice
La propriété principale de l'hélice est de s'appuyer sur de nouvelles masses d'eau vers l'avant. C'est vers ce modèle que le nageur évoluera progressivement grâce à une pédagogie favorisant la sensation d'appuis plus solides. Ces appuis vont se construire progressivement à l'aide de balayages ou godilles. Petit à petit, l'appui ne sera plus rectiligne et orienté vers l'arrière mais décrira un trajet sinusoïdal: Sans le rechercher de manière formelle, il décrira un S avec le bras gauche en crawl, un trou de serrure en papillon, un cœur en brasse, une grande vague en dos.
Cette gestuelle n'est pas à reproduire mais à ressentir. Son apprentissage ne doit pas être formel mais fonctionnel. En effet, il ne faut pas vouloir reproduire le trajet moteur des nageurs de haut niveau si vous n'avez pas leurs qualités: un débutant a la main qui recule lors de son trajet moteur par manque d'appui. Le mouvement apparent de l'eau par rapport à la main va de la face de la face palmaire à la face dorsale. C'est l'opposé pour un très bon nageur: la main avance durant la propulsion. Le mouvement apparent de l'eau par rapport à la main va donc de la face dorsale à la face palmaire. La mécanique des fluides est alors inversée et la propulsion ne répond pas aux mêmes principes.
C'est l'utilisation de la force de portance qui devient prépondérante à ce niveau.
On comprendra alors que l'on applique pas un trajet moteur obtenu grâce à l'application de ce principe à un débutant ne pouvant utiliser que le principe d'action/réaction.